Parc photovoltaïque et élevage : comment mettre en place cette coactivité ?

Les équipements utilisés habituellement dans les parcs photovoltaïques ne conviennent pas toujours à la cohabitation avec des animaux en pâturage : structures parfois trop basses, objets coupants, ouvertures et câbles électriques non protégés, etc. Il est essentiel de prendre en compte les contraintes des animaux dès la conception du parc et du matériel. Cela est possible en choisissant soigneusement les équipements photovoltaïques, leur dimensionnement ainsi que leurs conditions d'installation.

Opter pour une structure photovoltaïque adaptée à la coactivité avec les élevages

Le concept de « centrale photovoltaïque » regroupe des infrastructures visant à produire de l'électricité à partir de cellules photovoltaïques.

Les différentes technologies disponibles

Aujourd'hui, plusieurs technologies photovoltaïques sont disponibles, certaines déjà commercialisées et d'autres encore au stade de prototype.

• Des tables fixes orientées au sud avec un angle de 25 à 30°.
• Des panneaux mobiles motorisés capables de suivre la trajectoire du soleil pour maximiser l'exposition et le rendement. Par exemple les trackers à un axe suivant le soleil d'est en ouest.
• Les trackers à deux axes permettant d'ajuster à la fois l'orientation et l'inclinaison.

On trouve également des « haies » photovoltaïques (panneaux pivotants se mettant à la verticale, pour permettre le passage d'engins ou pendant la présence d'animaux sur la pâture), ainsi que des ombrières photovoltaïques surélevées. Actuellement, dans les parcs français où pâturent des ruminants, les tables fixes sont les équipements les plus courants, suivis des trackers à un axe.

Critères de sélection des équipements par les gestionnaires

Les gestionnaires sélectionnent les équipements photovoltaïques selon plusieurs critères. Ceux-ci incluent la performance, le rapport qualité/prix, la fiabilité et la durabilité. D’autres critères importants sont les caractéristiques mécaniques, les conditions d’approvisionnement, le cycle de vie et l’empreinte carbone. Chaque type d'équipement présente ses propres avantages et inconvénients.

Dans un projet de co-activité avec l’élevage, des paramètres supplémentaires doivent être pris en compte. Il s'agit notamment de la facilité de circulation pour les animaux et l’éleveur. Il faut aussi envisager la possibilité d’installer des clôtures mobiles pour diviser l’espace. La compatibilité avec le passage de machines agricoles sous les panneaux et entre les rangées est également cruciale. Enfin, l'impact des ombrages sur la végétation doit être pris en considération.

Établir des conditions d'implantation des équipements favorisant la co-activité

Prévoir une hauteur minimale des équipements permettant la circulation fluide et sécurisée des animaux

La hauteur des équipements est un facteur clé pour l'implantation dans un projet de co-activité avec l’élevage. Les éleveurs expérimentés en pâturage dans les parcs photovoltaïques soulignent son importance. Une infrastructure trop basse peut gêner la circulation des animaux et les empêcher d'adopter des comportements naturels, notamment pour les espèces grégaires.

Les structures comportent souvent des coins et des supports métalliques anguleux. Ces éléments présentent un risque de blessures pour les animaux en pâturage. Ce risque est particulièrement élevé lors des déplacements de troupeaux encadrés par des chiens de conduite. Les écorchures sont fréquentes sur ces arêtes vives. Ce risque de blessure s’intensifie lors des mouvements brusques du troupeau.

Enfin, pour les parcs avec des panneaux installés à faible hauteur, il existe un risque accru de dégradation des modules photovoltaïques. Ce risque est particulièrement élevé pour les modules à couche fine. Les chèvres ou les brebis, capables de se dresser et de s’appuyer sur les installations, sont particulièrement sujet de ce risque.

Prévoir une hauteur minimale des équipements pour faciliter le passage des engins agricoles

Au-delà du bien-être animal, la hauteur des équipements photovoltaïques doit faciliter le passage des engins agricoles. Cela permet d’assurer l'entretien mécanique de la végétation laissée par les animaux. Il est également possible d’effectuer des interventions sur le couvert végétal, comme le ressemis. L'entretien mécanique, souvent effectué avec une débroussailleuse par l'éleveur, est très chronophage. En revanche, la mécanisation du désherbage avec un tracteur réduit considérablement le temps d’intervention.

Adapter la répartition des équipements photovoltaïques dans l'espace

Espacement des rangées de tables

Une centrale photovoltaïque optimale, en termes de densité de panneaux et de pilotage des trackers, s'avère généralement incompatible avec une production agricole conventionnelle, sauf dans de très rares exceptions. Par conséquent, les gestionnaires doivent accepter un compromis lors de la conception de la composante photovoltaïque. Ce compromis implique notamment des concessions sur la densité des panneaux, notamment à travers l'espacement des rangées de tables. Selon les connaissances actuelles, la configuration idéale consiste à prévoir un espacement suffisant entre les rangées de panneaux photovoltaïques pour permettre le passage d'un tracteur.

Cela est essentiel pour ressemer une prairie si des conditions climatiques défavorables ont endommagé la végétation, ou pour effectuer un désherbage mécanique à l'aide d'un gyrobroyeur lorsque l'entretien par les animaux n'a pas été suffisant.

Positionnement des rangées de tables par rapport à la clôture extérieure

Pour faciliter le passage des engins agricoles, il est recommandé de prévoir une distance minimale de 10 mètres entre la fin de la rangée de tables photovoltaïques et la clôture extérieure du parc. Cet espace est essentiel pour permettre le braquage des engins agricoles entre les allées.

Réfléchir à l'implantation des équipements en tenant compte de la technique de pâturage

L’implantation des panneaux doit également tenir compte de la technique de pâturage prévue pour l'entretien du parc, qu'il s'agisse du pâturage tournant dynamique (également connu sous le nom de techno-pâturage ou pâturage cellulaire), du pâturage tournant classique ou du pâturage continu (aussi appelé pâturage libre). Les techniques de pâturage tournant dynamique ou classique nécessitent en effet un redécoupage du parc avec une clôture électrique mobile. L'éleveur doit donc pouvoir installer des clôtures sans difficulté, tant parallèlement que perpendiculairement aux rangées de panneaux photovoltaïques.

La co-activité entre les installations photovoltaïques et l’élevage présente des opportunités prometteuses, mais nécessite une approche réfléchie pour assurer la sécurité et le bien-être des animaux tout en maximisant l’efficacité des équipements. Il est essentiel de considérer divers facteurs lors de l’implantation des panneaux solaires, tels que la hauteur et l’espacement des équipements, afin de faciliter le passage des engins agricoles et de permettre une gestion efficace de la végétation.